Le monde n'est que variété et dissemblance. (Montaigne)

Qui sont les détecteuristes ?


Ne cherchez pas dans le dictionnaire, le mot "détecteuriste" ne s'y trouve pas !
Nous n'avons même pas droit à un qualificatif "officiel".
On peut parfois lire "utilisateur de détecteur de métaux" (ou UDM) mais c'est un peu long, "prospecteurs" mais ça ne correspond pas vraiment à notre activité, "poëleurs", mais ça ne fait pas très sérieux.
Les anglais ont créé, basé sur le mot "detector" celui de "detectorist". En français, de "détecteur" on a donc fait "détecteuriste". C'est une francisation du mot, comme "container" à donné "conteneur".
Mais là n'est pas le plus important : si l'on considère un échantillon de 100 détecteuristes, on a de fortes probabilités d'y trouver grosso-modo :
    - 39 amateurs d'histoire.
    - 39 prospecteurs de loisir.
    - 2 pillards.
    - 20 électrons libres.

 Les Amateurs d'Histoire : 
Ce sont eux qui souffrent le plus de se voir considérés comme des "pilleurs de trésor" sans foi ni lois.
Ils sont amateurs d'histoire locale, ou d'histoire tout court. Ils se passionnent pour tout ce qui concerne l'archéologie, la préhistoire, la numismatique, bref tout ce qui touche au passé. En cas de découverte d'une monnaie, ou de tout autre artéfact métallique, ils vont passer des heures dans les bouquins ou sur le net a essayer de déterminer son âge, sa matière, et tout autre renseignements qu'ils pourront trouver le concernant.
Leur plus grand plaisir serait de pouvoir déclarer cet objets au SRA le plus proche et même, pourquoi pas, avoir leur nom inscrit sur une quelconque revue à côté de la photo de leur découverte.
Comme ils n'y sont pas franchement incités pas les autorités, ils notent la position GPS de chaque trouvaille et la classent soigneusement dans des petits sacs plastiques en attendant des jours meilleurs.
Leur rêve : être un jour invité à mettre leur détecteur au service de la recherche, sur un chantier de fouilles ou lors d'une prospection sur le terrain par exemple.
Ils pourraient être de précieux auxiliaires pour les scientifiques professionnels, et il est dommage que leur enthousiasme ne soit pas exploité à sa juste valeur.

 Les Prospecteurs de Loisir : 
Ceux-là ne veulent surtout pas être considérés comme des archéologues amateurs ou des Indiana Jones du dimanche. Leur plaisir est ailleurs.
Ce qu'ils aiment, c'est la promenade dans bois, les odeurs du petit matin, les levers de soleil sur la campagne. Ils y promènent leur détecteur comme d'autres leur chien, ou leur fusil de chasse. Ils détectent comme d'autres cherchent des champignons, des fraises des bois, les premières jonquilles ou des traces de sabots de sangliers. Ils reviendront content de leur "journée de détection" avec les copains, même si le "butin" ne se compose de quelques euros, d'une plaque de vélo 1920 ou d'une 10 centimes Napoléon III.
Le plaisir est dans le mouvement de la tête du détecteur, dans l'attente du "BIP", dans l'excitation du coup de pelle et dans l'ouverture de la dernière motte de terre. Il n'est en aucun cas dans la valeur historique ou marchande de la trouvaille.
C'est également dans cette catégorie que l'on peut classer ceux qui "font les plages". Plaisir de la mer, du sable, du vent et de l'inévitable question : "bijou, euro ou capsule de bière ?".

 Les Pillards : 
Ils représentent sans doute moins de 2% du total. C'est la même proportion d'indélicats que dans les autres groupes d'individus.
Ils s'apparentent à cette fange nuisible de la population qui sévit quotidiennement. Ceux qui visitent nos maisons lorsque l'on est en vacances, qui cassent la vitre latérale de nos voitures quand on fait ses courses, qui braconnent dans les bois, ou qui grillent les feux rouges sans aucun état d'âme.
Ce sont eux, qui se rendent la nuit sur les chantiers de fouilles archéologiques, et qui pillent sans vergogne et sans le moindre respect pour le travail des archéologues.
On pourra interdire la vente, le transport de détecteurs de métaux, ceux-là sauront toujours s'en procurer sur un marché parallèle.
Contre ces gens là, la seule arme reste la répression dure, dont l'efficacité n'est même pas certaine.

 Les Électrons Libres : 
Dans cette dernière catégorie se trouvent des détecteuristes qui appartiennent sans doute à l'une des catégories précédentes mais ne le savent pas encore.
Ce sont tous ceux qui, après avoir lu un magazine de détection, ou assité à une émission de télé du style "chasse aux trésors", très à la mode actuellement, viennent d'acheter leur premier détecteur. Ce sont aussi, dans une certaine mesure, ceux qui détectent depuis plus longtemps mais qui n'utilisent pas Internet pour cette passion, et qui ignorent parfois jusqu'aux lois qui la régissent. Ceux-là sont à sensibiliser, à éduquer pour éviter qu'ils ne deviennent un jour ou l'autre, des "pillards involontaires" !

Mention légale : 
Article L.542-1 du Code du patrimoine : « Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d’objets métalliques, à l’effet de recherches de monuments et d’objets pouvant intéresser la préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche. »