Les médias servent d'amplificateurs de menaces. (Jacques Attali)

Lettre ouverte aux médias.


Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs les journalistes,
Cet été 2009, un événement d'un indéniable intérêt scientifique s'est produit. Dès l'instant où il a été divulgué, la presse internationale et les instances scientifiques ont tout de suite réalisé l'importance de l'événement.
Il s'agit de la découverte en Angleterre, dans la province du Staffordshire, d'un fabuleux trésor qui n'est, ni plus ni moins, que le plus grand trésor anglo-saxon d’Angleterre trouvé à ce jour. Selon Steve Dean, archéologue officiel du Staffordshire, ce trésor est "d'une importance nationale, et probablement internationale".
Le fait que cette découverte ait été faite par un chômeur, adepte de la "prospection de loisir à l’aide d’un détecteur de métaux", lui confère un humanisme indéniable. Même la presse et les médias français se sont faits l'écho du côté sympathique de cette découverte, et ont félicité cet inventeur pour l'honnêteté dont il a fait preuve en déclarant sa trouvaille aux autorités.
Un article dans l'Express débutera même par ces mots :"C'est un conte de fées dont la clé de l'énigme est un détecteur de métaux. Le héros malgré lui, c'est Terry Herbert, 55 ans, chômeur anglais de longue durée."
Ces commentaires contrastent fortement avec ceux que doivent subir, depuis quelques temps, les adeptes français de la "détection de loisir", généralement montrés, au minimum comme de vulgaires "chasseurs de trésors" mais, beaucoup plus souvent encore, comme d'abominables "pillards". Contrairement à leur homologues anglais, ils ne jouissent pas d'un à-priori favorable malgré les services qu'ils peuvent rendre au patrimoine et à l'histoire comme cette découverte vient de le démontrer.
Pourquoi est-ce que, pour vous, quand un détecteuriste anglais, chômeur, découvre un trésor il est le "héros" (L'Express) d'une "belle histoire" (Paris-Match), alors que le ramassage d'une moindre piécette Napoléon III, par un détecteuriste français, sera, elle, qualifiée de "pillage archéologique" (Le Figaro) par un "chasseur de trésors" (Le Dauphiné) ? Sans doute, parceque la première version est beaucoup plus "intéressante" médiatiquement parlant !
La question que vous devriez alors vous poser est : Que se serait-il passé si cette découverte s'était produite en France ? Les autorités françaises auraient-elles félicité comme il se doit l'inventeur du trésor, ou aurait-il été mis en prison ? Difficile à dire mais, ce qui est certain, c'est qu'il aurait eu à affronter de très grandes difficultés.
Depuis deux ans, une association s'étant érigée en "défenseur du patrimoine archéologique", tente par tous les moyens, de faire plus ou moins interdire en France ce loisir qu'est la detection de métaux. N'hésitant pas à utiliser largement la désinformation, ils font passer, à qui veut l'entendre, un message selon lequel toute personne vue dans la nature armée d'un détecteur de métaux, serait "hors la loi", ne possédant pas d'autorisation préfectorale pour cette pratique. Ils en appellent même à la délation, demandant aux personnes "rencontrant un utilisateur de détecteur en train de prospecter" de relever si possible l’immatriculation de son véhicule, de prendre des photos, et de faire constater "l’infraction".
Or, l'article L542-1 du Code du patrimoine est très clair sur ce point. Cette autorisation préfectorale n'est nécessaire que pour les "recherches de monuments et d’objets pouvant intéresser la préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie". En dehors de cela, l'utilisation d'un détecteur, avec l'autorisation du propriétaire du terrain, est parfaitement autorisée, ce qui est corroboré par le fait que la vente desdits détecteurs est totalement libre.
Cette tentative de marginaliser les quelques 40.000 (ils disent 70.000) utilisateurs français de détecteurs de métaux, a déjà des conséquences graves. Devant les risques encourus et le manque de reconnaissance qui leur est démontré, les prospecteurs français ne déclarent plus leurs découvertes, privant ainsi la connaissance de notre passé d'informations précieuses. Etrangement d'ailleurs, rien ne les y oblige, car le Code du Patrimoine, dans son article L531-14 impose uniquement la déclaration des "découvertes fortuites". Or, tant les autorités que nos détracteurs contestent le caractère fortuit de la découverte dès que l'usage d'un détecteur de métaux est avéré.
En France donc, il y a de fortes chances que ce trésor n'ait jamais été découvert, ou plutôt qu'il n'ait jamais été déclaré. Pour éviter cela, les prospecteurs français souhaitent dans le cadre de leur loisir, pouvoir déclarer leurs éventuelles découvertes, de la même façon qu’il est possible de le faire en Grande-Bretagne grâce à la mise en place de leur "Treasure Act".
Confrontés aux diverses lectures qui peuvent être faites de la legislation actuelle, et au risque de voir leur loisir tellement règlementé qu'il deviendrait impossible à pratiquer, de nombreux prospecteurs ont écrit à leurs députés et un bon nombre de ces derniers les ont assurés de leur soutien, certains allant même jusqu'à demander une explication au Ministre de la Culture en posant des questions à ce sujet au Journal Officiel.
La découverte de ce trésor fabuleux, est l'occasion pour nous de vous faire voir et comprendre combien il serait improductif de continuer à assimiler les prospecteurs de loisir à des pillards et de ce fait à les pousser à entrer dans une clandestinité dont personne ne sortirait gagnant.
Nous comptons donc aujourd'hui sur la presse en général, et sur vous qui êtes en train de nous lire en particulier, pour rétablir auprès de vos lecteurs et du grand public l'image de ce loisir mis à mal par l'extrémisme d'une minorité.
Merci d'avance

Articles 
  • Paris-Match : La belle histoire du chômeur anglais.
  • Le Parisien : Le fabuleux trésor du chômeur anglais.
  • Le Point : Un chômeur britannique découvre un fabuleux trésor .
  • L'Express : Un chômeur découvre un butin dans son jardin.
  • france 2 : Découverte d'un important trésor du VIIe siècle.


  • La Dépêche : Les détecteurs de métaux dans le collimateur des archéologues.
  • Le Figaro : Le pillage archéologique fait des ravages en France.
  • Le Dauphiné : Après le jugement : chercheurs de trésors contre archéologues .

Mention légale : 
Article L.542-1 du Code du patrimoine : « Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d’objets métalliques, à l’effet de recherches de monuments et d’objets pouvant intéresser la préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche. »