L'homme de l'avenir vaudra ce que vaudront ses loisirs. (Jean Guéhenno)

En France, la Culture serait-elle plus importante que l'Ecologie et le Développement Durable ?

Certains Ministères sont plus ouverts au dialogue. 
Le 7 juillet 2010, une "Charte d'engagements et d'objectifs pour une pêche maritime de loisir éco-responsable" a été signée sous la présidence de Jean-Louis Borloo, Ministre de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer, en présence de M. Bruno Lemaire, Ministre de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche, et avec pour cosignataires, entre autres, des représentants de différentes fédérations de pêcheurs.
La lecture de cette charte fera regretter à tous les UDM que notre loisir dépende du Ministère de la Culture plutôt que de celui de l'Écologie et du Développement Durable. Il suffit, pour s'en convaincre de lire les paroles de Jean-Louis Borloo dans le communiqué de presse :
« Il ne s’agit nullement d’embêter les pêcheurs maritimes amateurs ou de les empêcher de s’adonner à cette activité conviviale et le plus souvent familiale, il s’agit de mieux les informer de l’état de la ressource, de la nécessité de respecter les milieux et de laisser le temps aux coquillages, crustacées et poissons le temps de se renouveler, pour que cette saine pratique de la pêche à pied puisse perdurer au profit des générations futures. Il s’agit également de lutter contre la fraude qui sous couvert de pêche de loisir recouvrent en fait des activités et des filières de pêche commerciale et de travail illicites »
Beaucoup parmi les UDM apprécieraient certainement que tous ceux qui les accusent sans distinction ni discernement de "pillage du Patrimoine", leur proposent une "Charte d'engagements et d'objectifs pour une détection de loisirs archéo-responsable" en déclarant dans un communique ne vouloir "nullement les embêter" ni les "empêcher de s'adonner à cette activité conviviale et le plus souvent familiale", mais simplement "de mieux les informer de l’état de la ressource, de la nécessité de respecter les milieux" !
Remarquons d'ailleurs pour commencer que le Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable, à travers cette charte reconnaît implicitement l'existence d'une "pêche maritime de loisir", ce qui est plus positif que de répéter, comme le fait le Ministère de la Culture à chaque député qui lui pose la question, que la détection de loisir "n'a aucune consistance juridique". Il ne tient semble-t-il qu'au Ministre de la Culture de lui en donner une comme vient de le faire son collègue de l'Ecologie pour la pêche !

Le communiqué de presse 
Avant d'étudier cette charte plus en détail, jetons un coup d'œil au communiqué de presse du Ministère qui résume la problématique.
Tout d'abord, nous constatons que cette charte a été réalisée avec la participation des divers intéressés au travers de différentes associations et fédérations. La volonté de dialogue était évidente dès le départ ce qui n'a jamais encore été le cas pour la "détection de loisir".
"Le grand nombre de signataires démontre l’intérêt de la charte et le sens des responsabilités des représentants de toutes les fédérations de pêcheurs plaisanciers, qui reconnaissent la nécessité d’une meilleure régulation de cette activité et d’une meilleure diffusion de l’information."
Est-ce très différent de ce que nous demandons ?
"En sensibilisant les pratiquants des pêches maritimes de loisir de l’importance de la préservation de la biodiversité marine, la charte vise également à lutter contre le braconnage, trop fréquent..."
Est-ce très différent de ce que nous demandons ?
"En outre, la mise en oeuvre d'une coopération entre scientifiques et pêcheurs pour le recueil d'informations permettra, à terme, une évolution de la réglementation..."
Est-ce très différent de ce que nous demandons ?

La Charte 
Préambule :
"1. La pêche maritime de loisir, comprenant la pêche sportive et récréative, est une occupation très prisée des français, tant en mer au moyen d'un bateau de plaisance, qu'à pied sur l'estran ou du bord. Elle est génératrice d'une activité économique importante par les fournitures et services qu’elle met en jeu."
Les Ministères concernés tiennent compte de l'engouement des Français et du poids économique de la "pêche de loisir". Pourquoi ignorerait-on l'engouement de plusieurs dizaines de milliers de personnes pour la "détection de loisir", ainsi que l'activité économique générée par la fabrication et de la vente des détecteurs, l'édition de revues spécialisées, etc. ?
"2. Il est essentiel, pour maintenir les équilibres environnementaux et assurer la durabilité de la pêche de loisir, de sensibiliser tous les pratiquants aux enjeux écologiques, la pêche de loisir a en effet des impacts sur la ressource et sur les milieux.
3. Les associations et fédérations de pêcheurs de loisir, les pêcheurs professionnels, et les autorités publiques, ont déjà pu lancer des actions et démarches volontaristes visant à mieux informer et sensibiliser les usagers."
Informer et sensibiliser... C'est bien ce que l'on propose depuis longtemps.
"4. Ces acteurs considèrent également que ces démarches doivent être accompagnées d’une action déterminée des agents habilités au contrôle des pêches pour éradiquer les pratiques illégales et toutes les formes de braconnage ou de recel de produits issus de la pêche illicite."
Compléter l'information et la sensibilisation par un contrôle pour éradiquer le braconnage ou le pillage, est tout a fait légitime. Les UDM demandent, dans leur grande majorité, une lutte efficace contre le vrai pillage.
"6. La pêche maritime de loisir est diverse : embarquée, à pied, sous-marine ou du bord. Chacune a ses particularités dont il faut tenir compte."
Il en est de même pour la détection : détection en labours, sur les plages, orpaillage, rallies, recherche de météorites, d'objets perdus... On doit tenir compte de tous les cas de figures.
Article 1 :
"Les fédérations représentatives des pêcheurs de loisir, les instances représentatives des pêcheurs professionnels et des conchyliculteurs s'engagent à apporter leur concours pour participer au recueil de l’information sur l’activité de pêche maritime de loisir et les délivrer aux instances adMinistratives et scientifiques."
"a) A cette fin, des outils de recueil de l’information seront mis en place par les instances représentatives de la pêche de loisir."
Des outils de recueil de l'information ? Les UDM réclament-ils autre chose quand ils demandent à pouvoir déclarer facilement leurs trouvailles ?
"c) Les signataires s’engagent à ne pas utiliser certaines pratiques et techniques de pêche..."
"d) Les signataires sont favorables à la mise en place d’outils de sensibilisation des pratiquants.."
Un "code de bonne conduite de la détection" existe en Angleterre et a été tenté en France. Pourquoi ne pas l'officialiser ?
Article 4 :
"Les parties prenantes à la présente charte acceptent la mise en place d’une déclaration préalable de l’activité de pêche de loisir.
Lors de cette déclaration préalable et gratuite, chaque usager recevra une information complète sur la réglementation et les sanctions potentielles en cas d’infraction, la sécurité et les bonnes pratiques, comprises comme celles qui assurent la pérennité des ressources et des écosystèmes marins et littoraux."
"En se déclarant, le pêcheur de loisir s’engagera à respecter ces bonnes pratiques".
Déclaration des détecteurs ? Information ? Respect ? Tout ceci a été mainte fois demandé par les UDM. Là encore, le "code de bonne conduite de la détection" serait d'actualité !

Conclusion 
Le Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de la Mer et le Ministère de l’Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche, ainsi que le Secrétariat d’Etat à l’Ecologie, viennent de s'entendre avec les associations et fédérations de "pêche de loisir" et d'autres groupements, pour définir un cadre qui permette la préservation du milieu marin tout en respectant le loisir de milliers de pratiquants. Même si cette charte peut apparaître comme un recul des libertés individuelles, il a été bien compris par tous les intervenants que celà était nécessaire pour la sauvegarde des espèces et pour la pérénnité même de ce loisir.
C'est ce que l'on appelle communément un accord "gagnant - gagnant", c'est à dire un accord par lequel chaque partenaire se préoccupe aussi de l'intérêt de son partenaire (Wikipédia).
Comment se fait-il qu'il ne puisse pas en être ainsi entre les associations/fédération d'Utilisateurs de Détecteurs de Métaux et le Ministère de la Culture qui fait la sourde oreille à toutes nos demandes ?
Doit-on en déduire qu'en France, la Culture est considérée comme plus importante que l'Ecologie, le Développement Durable ou la Pêche. Et pour ce qui est de la mer, est-il plus important de "protéger" des amphores que des espèces menacées de poissons ou de coquillages nécessaires à l'alimentation ?
Ce serait bien surprenant car famine et ventre vide n'ont jamais encouragé les individus à se tourner vers l'Art, l'Histoire, l'Archéologie ou la Préhistoire.
Alors il serait peut-être temps, pour le Ministère de la Culture, de proposer aux passionnés de "détection de loisir" une charte calquée sur celle dont viennent de bénéficier les "pêcheurs de loisir". Ou de rattacher la "détection de loisir" au Ministère de l'Ecologie qui semble être plus ouvert au dialogue !

Références 
Mention légale : 
Article L.542-1 du Code du patrimoine : « Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d’objets métalliques, à l’effet de recherches de monuments et d’objets pouvant intéresser la préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche. »