Sous les pavés, la plage (Slogan de Mai 68)

L'épave de Tardinghen, coups de pelle, ou .... coup de bluff ?

Coups de pelle. 
Dans son infolettre n° 12, l'association anti-UDM s'attaque aux "utilisateurs de détecteurs vacanciers ", qui feraient des ravages sur les belles plages de France. Nous en avons déjà parlé dans une précédente analyse.
Pour donner un peu plus de poids à leurs accusations capilotractées, ils reviennent sur le sujet dans leur infolettre n° 13 avec une preuve absolue : En 2005 on aurait découvert sur la plage de Tardinghen, le "pavois" d'un bateau antique (IIe siècle après Jésus-Christ) qui aurait, je cite "reçu des coups de pelle très nets de la part de ces clandestins qui y ont probablement détecté des clous en fer alors que l'épave était encore enfouie.".
Nous sommes forcés de reconnaître que les techniques modernes donnent des résultats époustouflants : l'analyse d'une marque sur un morceau de bois vieux de 1800 ans et gorgé d'eau permet de déterminer, non seulement qu'il s'agit d'un coup de pelle, mais encore que cette pelle appartient à un Utilisateur de Détecteur de Métaux clandestin.
Les "experts" américains, qu'ils soient de Miami, de Manhattan ou de Las Vegas, peuvent aller se rhabiller !
Et pourtant, comme on le voit sur ces cartes postales datant de 1910, d'autres personnes, utilisant des pelles, faisaient déjà des trous dans le sable au début du siècle dernier. Il s'agit de "piqueuses de vers" photographiées sur la plage de Malo-les-Bains, non loin de Tardinghen !
Mais sans doute que nos "experts" français de l'association anti-UDM font facilement la différence entre le coup de pelle d'une piqueuse de vers, celui d'un constructeur de château de sable, ou celui impardonnable d'un UDM !
Verrotieres et verrotier au travail :
"Attention les amis, si vous touchez une épave enfouie, vous allez faire accuser les UDM !"

Toujours les détecteurs ! 
En réalité, l'occasion était trop belle d'accuser, une fois de plus, les détecteurs de métaux et leurs utilisateurs. Maintenant, une marque suspecte = c'est la pelle d'un UDM ! Un trou dans la terre = c'est l'œuvre d'un UDM, etc. !. Seul le trou de la Sécu ne nous est pas encore imputé !
D'ailleurs, et sans doute pour faire bonne mesure, dans un article de "La voix du Nord", un archéologue, "présent lors de la découverte" déclare "Quand on l'a vue, on savait qu'il fallait agir vite, car elle était menacée par la marée, mais aussi par les détecteurs".
Et comme tout le monde le sait, il est plus difficile d'interdire la marée que les détecteurs de métaux !
Le plus curieux, c'est que si vous cherchez, sur Google, "Tardinghen épave", vous obtenez environ 2 440 résultats, dont beaucoup de liens sur des sites très sérieux. Mais si vous cherchez "Tardinghen épave détecteurs", vous n'obtenez plus que 24 résultats, presque tous en rapport avec l'association anti-UDM. Il faut croire que l'hypothèse du coup de pelle d'un éventuel UDM n'est ni prouvée, ni partagée !

Navrant.. 
Ce qui est navrant dans cette histoire, c'est que cette épave a été découverte en 1997, puis.... elle a disparu sous le sable peu après, pour ne réapparaître qu'en 2005 !
Et pendant ces 8 ans (5840 mouvements de marée) personne n'a pensé à demander à des UDM locaux leur aide pour tenter de localiser cette épave dont on connaissait l'existence et l'emplacement approximatif. Mais c'eût été reconnaître une certaine utilité des UDM, alors on a sans doute préfèré "ne pas pactiser avec le diable". Quite à laisser un élément du patrimoine risquer la détérioration.

12000 pieux 
Pour terminer, nous observerons que sur la plage de Tardinghen ont été plantés 12000 pieux pour servir à l'élevage de moules. Lorsque l'on sait que ces pieux sont plantés par des engins de chantier, on imagine qu'une épave enfouie sur cet emplacement peut se trouver transpercée sans offrir de résistance. Si cela se produit, accusera-t-on encore la pelle d'un UDM ?

Références 
Mention légale : 
Article L.542-1 du Code du patrimoine : « Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d’objets métalliques, à l’effet de recherches de monuments et d’objets pouvant intéresser la préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche. »