L'expérience de chacun est le trésor de tous. (Gérard de Nerval)

A la découverte des trésors cachés...

Un livre de Yves-Marie Bercé aux éditions Perrin (2004)
 L'auteur 
Les opposants radicaux à la détection, laissent souvent entendre que les UDM sont dans leur grande majorité des benêts, sans connaissance historique et/ou archéologique, et qui, donc, ne peuvent pas appréhender le phénomène de la détection de métaux, avec le sérieux dont seul "ceux qui savent" peuvent se targuer.
Pourtant certaines personnes, dont on ne peut pas nier l'érudition, sont parfois capables de regarder les choses sous le bon angle, et n'hésitent pas à l'écrire.
Le parcours d'Yves-Marie Bercé, l'auteur de l'ouvrage "A la découverte des trésors cachés du XVIe siècle à nos jours", ne laisse planer aucun doute :
  • Ancien élève de l’École nationale des Chartes, archiviste-paléographe (promotion 1959)
  • Docteur ès lettres
  • Membre de l’École française de Rome, 1959-1961
  • Conservateur aux Archives nationales, 1963-1975
  • Professeur à l’Université de Limoges, 1975-1979
  • Professeur à l’Université de Reims, 1979-1989
  • Visiting Professor à l’Université de Minneapolis, 1991
  • Directeur de l’École nationale des Chartes, 1992-2001
  • Correspondant de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, depuis 2001
  • En 1998, l'ensemble de son œuvre a été distingué par le prix Madeleine Laurain-Portemer.
J'ose espérer que personne n'osera prétendre que ce monsieur ne sait pas de quoi il parle ?
Alors installons nous tranquillement, et lisons ce qu'il a pris la peine d'écrire dans cet excellent livre...

 Morceaux choisis 
[...]
"Aujourd'hui, la curiosité pour les trésors s'arme de moyens plus efficaces, tels qu'appareils de plongée et détecteurs de métaux. Un assez grand nombre d'amateurs, patients, sportifs et experts en toutes sortes de techniques, s'adonnent passionnément à ce type de recherches. Les convictions de ces chasseurs de trésors individualistes, résolus et discrets, férus d'anecdotes qui viendraient guider leurs enquêtes, figurent une des innombrables manières de s'approprier le passé. Il n'y a pas, comme on le dit facilement, une petite histoire touristique et médiatique contrastant avec une histoire universitaire savante, il n'y a pas deux histoires, l'une aimable et fantaisiste et l'autre véritable et érudite, il y a en fait des myriades de façons de consommer l'Histoire, de façonner les représentations du passé, de se construire avec ses souvenirs scolaires, sa religion et ses opinions, avec les influences des médias et ses propres expériences, une histoire fantasmée et toute personnelle."
[...]
"La concurrence entre les archéologues et les chasseurs de trésor, dénoncée déjà par Antoine Galand en 1707 devant l'Académie des inscriptions, réapparaît périodiquement. C'est une opposition permanente, intemporelle. La liberté des amateurs et les droits des propriétaires peuvent-ils être limités au nom des exigences des savants? L'Etat doit-il choisir entre les recommandations des instances universitaires et les droits fondamentaux des personnes ? "
[...]
"Les occasions de conflits entre chercheurs individuels et archéologie savante ne manquent pas. Les historiens redoutent la clandestinité de trouvailles, qui passent discrètement dans le commerce. Détachés de leurs marqueurs historiques, ces monnaies ou ces objets anonymes ne sont pas perdus, ils vont gonfler le marché de la numismatique, mais ils n'apportent aucuns avantage pour la connaissance. [...] Les dégâts des fouilles clandestines dans certaines zones que l'on sait riches de traces anciennes sont parfois considérables. "
[...]
"Il est vrai que la récolte habituelle des chercheurs amateurs consiste moins en pièces d'or qu'en boutons métalliques, boucles de ceinture et vieilles ferrailles de toutes sortes. Sur des sites de guerre du Nord et de l'Est, les détecteurs font exhumer des douilles, des fragments d'armes et de casques. Grâce à leur bonne expérience, les magazines spécialisés conseillent de prospecter sur les plages, à la fin des vacances, au mois de septembre en général où les sols sont plus meubles qu'en plein été et aussi sur les pistes de ski, à proximité des pylônes ou des points de départ et d'arrivée des installations mécaniques. Comme on peut en juger, les risques de concurrence avec l'archéologie ne sont pas considérables.
Ces associations recommandent constamment dans leurs magazines la loyauté envers les services archéologiques. Elles tiennent leurs adhérents informés de l'état de la législation, les exhortent à la respecter et notamment à déclarer fidèlement leurs trouvailles éventuelles. En regard, elles réclament la reconnaissance de leur passe-temps de promeneurs découvreurs. Il est vrai que la généralisation des appareils détecteurs est un fait social qui paraît irréversible : il y aurait, dit-on soixante mille amateurs qui, en France, emploient leurs beaux dimanches à cette distraction. "
[...]
"Au cours de l'année 1993, en Angleterre, en l'espace de quelques mois furent mis au jour plusieurs trésors celtiques ou romains. [...] La presse et l'opinion ne pouvaient pas ne pas remarquer que ces nombreuses nouvelles trouvailles surgissaient du sol à des emplacements inattendus et sans rapport avec les classiques entreprises savantes. La capacité de découverte des chercheurs amateurs était ainsi manifeste et elle dépassait bien évidemment les moyens des archéologues universitaires."
[...]
"Les responsables du département de l'Environnement mirent donc à l'étude une réforme ; un nouveau texte Treasure Act, fut voté et publié en 1996. [...] Le but de cet acte était d'empêcher la dissimulation des objets découverts. Il semble que ce but ait été largement atteint. Le nombre de déclarations aurait très vite explosé, multiplié au moins par cent ; on en compterait des milliers chaque année. Une exposition des plus extraordinaires trouvailles déclarées depuis 1996 a été présentée en novembre 2003 au British Museum.
[...]
"Dans l'immédiat, on a pu dire que ce flot de découvertes modifiait complètement la carte archéologique de l'Angleterre, qu'il enrichissait spectaculairement les témoignages archéologiques, notamment ceux des siècles de l'âge du fer. "
"En tous cas, dans la petite histoire des techniques et des mœurs, le changement de la législation anglaise représente un changement spectaculaire ; il correspond à une nouvelle génération des loisirs, à la vulgarisation de la curiosité pour les passés lointains. Surtout, il marque un essai politique original de conciliation entre les passions des amateurs et les scrupules des savants."

Du même auteur : 
  • Histoire des croquants, 1974
  • Révoltes et révolutions dans l’Europe moderne, 1978
  • Le chaudron et la lancette : croyances populaires et médecine préventive, 1798-1830, 1984
  • Le Roi caché, 1990
  • La naissance dramatique de l’absolutisme, 1992
  • Les monarchies, 1997
  • Louis XIV, 2005

Mention légale : 
Article L.542-1 du Code du patrimoine : « Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d’objets métalliques, à l’effet de recherches de monuments et d’objets pouvant intéresser la préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche. »