Là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur... (Saint-Matthieu, l'Evangile)

"Zone Interdite" sur M6 : "Les Chasseurs de Trésors" :
Chasses aux trésors, à l'audimat et aux UDM ! 

 C'est l'été ! 
C'est l'été ! Et comme chaque été, depuis quelques années, on a eu droit, le 27 juillet, à notre émission sur les "chasseurs de trésors". Cette année c'est M6 qui s'y colle ! Et comme à chaque fois, on n'a pas pu s'empêcher d'assimiler les UDM tantôt à d'abominables "pilleurs clandestins", tantôt à de sympathiques "chasseurs de trésors". Le paradoxe de ce genre d'émission, conçue pour faire rêver le grand public, est d'ailleurs de ne satisfaire pleinement ni les UDM, ni leurs détracteurs.
Les UDM, en particulier les UDM "responsables", ne sont pas satisfaits parce qu'on les montre comme des "chasseurs de trésors", ce que 99,9% d'entre eux ne sont pas, et parce que, sans doute pour faire monter l'audience, on a tendance à toujours montrer des UDM "border-line", c'est-à-dire, des UDM à la limite de la légalité, voire même en parfaite illégalité. Il n'y a qu'à écouter, ou lire, les réactions des UDM sur les forums de détection pour voir que la plupart d'entre eux ont été choqués par la prestation de Pierre, ce jeune détecteuriste de 16 ans, qui prospecte sans états d'âme, la cour intérieure d'un château inscrit aux Monuments Historiques. Et ce avec l'aval du maire de la commune. Ces images ne peuvent que ternir la notre et ne vont absolument pas dans le sens de la "détection positive" que l'on tente de défendre ici.
Mais les archéologues en général et anti-UDM en particulier ne peuvent pas non plus être satisfaits, car ce genre de reportage crée inévitablement de nouvelles vocations, et ce chez des personnes qui n'auront vu, durant ces deux heures, que les aspects les plus lucratifs de la détection. Ce qui veut dire, non seulement plus de détecteuristes, mais plus de détecteuristes aux intentions mercantiles et ne présentant pas toutes les garanties éthiques que l'on serait en droit d'espérer d'eux.
Il n'y a généralement au final, dans le monde de la détection, que les marchands de détecteurs qui se réjouissent pleinement de ces reportages qui leur assurent des pics de vente importants et une publicité gratuite inespérée.

 L'intervention des Anti-UDM : 
Dans chacune de ces émissions, on voit systématiquement les membres de l'association anti-UDM venir noircir le tableau en présentant, sans distinction, tous les détecteuristes comme des Attila du patrimoine sans foi ni loi. Ce fut encore une fois le cas dans cette émission. Je peux me tromper, mais je ne pense pas que cette fois ils soient tout à fait satisfaits de leur intervention, car ils ont, à notre avis, complètement raté leur communication.
Ça avait pourtant commencé de façon assez classique : Grégory Compagnon, membre fondateur de l'association anti-UDM ( que le commentateur présente d'ailleurs non pas comme une association de défense du patrimoine, mais comme "une association d'archéologues qui lutte contre la détection de loisir" ) dédicace son livre "Halte au pillage" à quelques sympathisants. Dans la foulée, il explique :
"En France, on estime qu'il y a à peu près 10000 utilisateurs actifs de détecteurs de métaux. Qui utilisent de manière très active ces détecteurs. Ce constat, en fait, on peu faire le même dans tous les pays européens, à peu près 10000 utilisateurs par pays ce qui nous donne quelque chose comme 200000 pilleurs dans toute l'Europe... c'est vraiment un pillage de masse."
C'est le discours habituel. On s'en sort même plutôt bien puisqu'il compte, cette fois, seulement 10000 détecteuristes en France.
Passons rapidement sur l'affirmation d'un intervenant, qui assure que : "De plus en plus aussi, on a carrément des bus de détecteuristes qui viennent sur les champs de bataille par exemple, ou aussi sur des sites archéologiques beaucoup plus anciens et qui en un week-end ravagent tout.", pour en venir tout de suite à l'évènement de la soirée : l'intervention remarquable et remarquée du "soldat de l'ombre", sorte de Don Quichotte pourfendeur d'UDM.
"...'fin... heuuu... ch... chui seul ! "
Premier détail : alors que tous les UDM de l'émission apparaissent à visage découvert, lui est "flouté" ( il "préfère rester anonyme", dit-il, parce que "Les prospecteurs clandestins peuvent en effet être assez dangereux." ) et même sa voix est déformée, sans doute pour éviter que l'on identifie son accent bourguignon. Peine perdue d'ailleurs car tous les UDM l'ont reconnu. Nous ne dévoilerons pas ici son identité car la délation n'est pas dans nos habitudes. On pourrait faire une exception pour lui, car c'est justement sa façon de faire, mais nous ne nous abaisserons pas à utiliser ses méthodes.
Premier chapitre, l'homme explique comment il a surpris des criminels : "Les personnages incriminés étaient assis sur des sarcophages mérovingiens. Je me suis donc faufilé dans la haie pour prendre... pour observer, justement, le ... le délit.. le délit de possession et d'échange de données clandestines touchant justement le patrimoine.". Explication fumeuse que le commentateur traduira : "Le délit en question : un petit groupe de chasseurs de trésors qui se montrent ses dernières trouvailles dans un parc." pour une meilleure compréhension de la part du grand public.
Premier chapitre donc, et premier accroc puisqu'il présente des photos, prises de façon illégale, qui concerne une affaire en cours (?), et dont les personnages n'ont d'autre tort que de présenter leurs dernières acquisitions en matière de monnaies, en pleine journée dans un parc public, comme cela se fait dans toute bourse numismatique...
Deuxième accroc, dévoilé par le journaliste, "Puisque selon lui, les forces de l'ordre ne font pas leur travail, il va lui même sur le terrain". Les "forces de l'ordre" chargées de l'enquête apprécieront !
Et, en effet, sa paranoïa le poussera à aller sur le terrain, ce qui nous vaudra, alors qu'il aperçoit deux personnes sur le bord d'un chemin, à un très bel exemple de "délit de sale gueule" :

    - Lui : "Ça c'est de la tronche de pilleur."
    - Passager : "Comment vous les reconnaissez ? "
    - Lui : "Oah, c'est vraiment la caricature."
    - Passager : "Il risque d'y avoir de la visite ce soir, alors ?"
    - Lui : "Ils peuvent faire de la reconnaissance. Est-ce qu'ils ont vu la caméra ?"
    - Passager : "Non"
    - Lui : "Alors, ch'sais pas. Il ne faut pas trop se montrer non plus. C'est vraiment de la tronche, quoi !"
    - Lui : " ... franchement, les deux gars ils avaient une sale tronche. Ils ont rien à faire ici !"


Tellement édifiant que le réalisateur n'a plus osé sous-titrer le dialogue comme il l'avait fait jusque là...
Et donc, comme "A ses yeux il s'agit de pillards en pleine reconnaissance", et que "Tout le monde sait qu'un pill... qu'un criminel retourne toujours sur ses lieux de forfait." on va voir notre "sentinelle", munie de jumelles infra-rouge, passer la nuit à guetter d'hypothétiques pilleurs qui n'existent que dans son imagination !
Et quand le journaliste lui demande :
    - "Vous êtes combien à faire ça en France ?"
il répond naïvement :
    - "Je ne saurais le dire.....'fin.. heuuu... ch..chui seul ! (rire) Mais ça faut pas le dire !"
A écouter le commentateur, on comprend aisément que les allégations du personnage ne l'ont pas convaincu :
    - "Notre homme se croit investi d'une mission sacrée..."
    - "Et des pilleurs, c'est bien simple, il croit en voir partout..."
    - "A ses yeux ce sont des pilleurs en pleine reconnaissance..."
    - "Crime, viol, les termes sont extrêmes..."


Le coup de grâce sera porté par le message final de Melissa Theuriau ;
        "Sachez qu'en France on compte plus de 25.000 chasseurs de trésors amateurs. On leur souhaite de faire de jolies trouvailles cet été !"

Mention légale : 
Article L.542-1 du Code du patrimoine : « Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d’objets métalliques, à l’effet de recherches de monuments et d’objets pouvant intéresser la préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche. »